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Sap 13

29 novembre 2011

L'esprit Munichois

 «Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre» Winston Churchill 1938.

On ne sait pas aujourd'hui ce que donneront comme résultats politiques les évènements liés aux printemps arabes. 

Retour sur la position Française en Libye et en côte d'Ivoire

S’il est un consensus qui semble faire chorus dans les milieux intellectuels français, de la gauche la plus extrême à la droite la plus nationale, c’est bien le regard porté sur l’actuelle politique africaine de la France.

Il est vrai que les armes ont parlé tant en Libye qu’en Côte d’Ivoire et que notre diplomatie et nos armées sont aux premières loges.

On répudie la politique Française  par anti-sarkosisme pour hurler avec les loups sans voir que devant la complexité internationale et le jeu dangereux mené par les Etats-Unis au Moyen-Orient, afin de gagner en influence et d’éliminer la concurrence, la France tire peut-être assez bien son épingle du jeu.

C’est un réflexe chez les pacifistes de droite et de gauche que de commencer systématiquement par énoncer, avec les faiblesses de la France, les mille raisons de ne rien faire et de laisser agir les «grands».

Il se trouve que dans l’affaire de la Libye,  si la «communauté internationale» était prête  à entériner le massacre pour condamner après coup l'odieux dictateur, c’était en réalité une manoeuvre  destinée à l’enfermer à nouveau dans un blocus qui aurait eu pour effet de nuire à la seule France qui avait, deux ans plutôt, rétablit des relations commerciales avec Kadhafi.

Après une opération diplomatique éclair menée de main de maître par Juppé, les avions français ont décollé les premiers et les rebelles de Benghazi brandissent le drapeau tricolore. Nous avons évité un génocide, préservé l’avenir de nos relations avec une partie au moins de ce pays, déjoué le plan des Américains. Ceux-ci, même si ils ont pris le commandement en traînant les pieds avant de refiler la patate chaude à l’OTAN, ont interdiction par le congrès d’entrer plus avant dans cette guerre et ne peuvent qu’assister impuissants à la reconstitution de la crédibilité internationale de la France qu’ils ont sans cesse   battu en brèche.

Il  me semble que les intérêts de la France sont préservés dans cette affaire, n’en déplaise à ceux qui s’étranglent de rage de voir notre diplomatie choisir un camp plutôt qu’un autre et qui en concluent qu’il ne fallait rien faire du tout : «Et puis d’abord, ça coûte cher!»

Alors qu'historiquement, les anciens de la deuxième DB sont bien placés pour  se rappeler qu'une certaine colonne Leclerc était déjà là il n'y a pas si longtemps à la conquête de Fezzan face aux Italiens.

Cette tradition munichoise, qui nous a valu l’effondrement de notre image et de notre crédibilité au profit d’Hitler en 1938 et aux dépens de la Tchécoslovaquie, avait déjà provoqué de vifs échanges au sein de la famille dite patriotique.

En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, nous avons entendu ici  ou là, proclamer que Laurent Gbagbo et Alassanne Ouattara, c'était du pareil au même et que nous avons eu tort d’intervenir ; comme si la France n’était pas concernée par cette partie de l’Afrique.

 D’autres vont même jusqu’à affirmer que finalement Gbagbo représente le camp de la chrétienté contre l’envahisseur de l’Islam.

Bernard  Lugan  nous a rappelé qu’il s’agissait d’une guerre ethnique. Partant de là, une seule proposition semblait viable, la partition du pays entre le nord et le sud. (ce qui avait été effectué par la force Licorne, il y a quelques années, empêchant le déferlement de rebelles du nord sur Abidjan) Il semble là encore  que la complexité de la situation et notamment l’incapacité des états africains se conjuguant avec celle de l’ONUCI jouant la carte électorale, ont amené à faire reconnaître que la France étant dans son jardin. C’était à elle de mener le jeu.

C’est-ce que notre diplomatie et nos forces sur place ont fait en s’efforçant de respecter les formes et de laisser l’apparence des décisions tant à Ouattara qu’à Ban ki moon . Sans doute, les massacres n’ont pu tous être évités, je n’en disconviens pas. Mais, il est sûr qu’une victoire finale au bout d’une longue guerre civile d’un camp sur l’autre se serait soldée par  un terrible bain de sang. La légitimité de l’intervention française n’est pas contestable, ni sur le plan humanitaire, ni sur celui du droit international, aussi discutable soit-il aujourd’hui. De plus, cela a le mérite de renforcer le bien fondé d’une présence française en Afrique, ce que les anglo-saxons nous contestent depuis toujours et pour cause.

L’affaire n’est pas finie, mais la France d’ores et déjà sort renforcée sur la scène internationale. Que cela serve à Sarkozy sur le plan intérieur dans les perspectives de 2012, tant mieux ou tant pis ! Rien n’est moins sûr d’ailleurs : Les Français ne sont pas très motivés par la politique extérieure, c’est du reste pour cela que nous sommes ici dans le cadre de l’exercice des pouvoirs régaliens qui relèvent  a priori directement du chef de l’état.

Quant à nous, il nous appartient de ne regarder, avec la plus grande objectivité, que l’intérêt de la France. Allassane Ouattara n’est pas encore au bout de ses peines, mais le nouvel homme fort de la Côte d’Ivoire est désormais notre obligé, contrairement à Laurent Gbagbo  dont les partisans, les jeunes patriotes, il y a peu, organisaient la chasse aux Français et brandissaient des drapeaux américains dans les rues d’Abidjan.

Olivier Dejouy

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